La bête de porcelaine

16/03/2016 17:55

    A la suite du malheureux décès de ma tante, j'héritai de sa grande maison des années 30.

    L'emménagement fut long, mais agréable. Accompagné par ma femme Carole, ma vie ne pouvait que merveilleusement commencer. La maison était presque déjà entièrement meublée, de vieux meubles certes, mais je trouvais qu'ils ne vieillissaient pas l'intérieur de la maison, contrairement aux pensées de ma femme, « experte en décoration d'intérieur ».

    Sur son testament, elle m'avait écrit qu'elle ne voulait en aucun cas que je me débarrasse de ses statues de porcelaine, elle l'adorait et désirait qu'elle garde sa place, dans le grenier. Les escaliers menant à celui-ci se situait juste à côté de notre chambre.

    Bien que l'endroit gardant les statues ne me gênait pas, je ne me sentais pas à l'aise en présence de celles-ci, une en particulier ; c'était une grande statue de la taille et de la forme d'un chien, il avait deux cornes rouges et recourbées, semblables à celles d'un taureau. Ses pattes étaient également rouges, néanmoins plus sombres, et les griffes de l'animal me semblaient difformes. La statue était en majorité blanche, recouverte de dessin de fleurs aux grosses épines et enfin, ses yeux scintillants d'un éclats de rubis. Je ne comprenais pas toujours les goûts de ma tante, pourtant, je préférais les garder sous des draps.

    La première nuit, je me réveillais, dérangé par quelque chose, il me semblait avoir entendu des bruits au-dessus de ma tête, dans le grenier plus précisément. Je regardais ma femme, elle dormait profondément, contrairement à elle, j'avais toujours eu le sommeil léger. Je pensais aux crottes de souris que j'avais vu le premier jour de l'emménagement, il faut que je pense à installer des pièges demain.

    Plusieurs jours sont passés, j'avais posé des pièges, une souris s'est bien fait attrapée mais j'entends encore des grattements, une famille s'est sans doute installée dans le grenier.

    Je pense que la fatigue m'a atteint, l'autre nuit, je crois avoir entendu des bruits de pas dans les grenier, des pas légers et assez rapide, une souris n'aurait simplement pas pu faire autant de vacarme toute seule. Je décidais donc de monter au grenier pour voir si un autre animal avait pu se faufiler sans que je m'en aperçoive. Une seule ampoule éclairait faiblement le grenier, plusieurs recoins restaient dans le noir le plus totale, je me sentais un peu oppressé par cette ambiance pesante. 

    Avant que je ne reparte dans mon lit, je remarquais un détail ; le drap qui était censé recouvrir intégralement la statue du chien ne pendait maintenant que sur une de ses cornes, le fait de le remarquer me fit un haut-le-cœur mais je me réconfortais en pensant que le drap avait finit par glisser avec le temps et sa chute avait finalement été stoppé par une corne.

    Après une semaine, je dormais mieux, je n'en avais pas parlé à ma femme, ça n'aurait servi à rien de toute manière.

    Une nuit, la pluie s'abattait fortement sur la fenêtre, je n'arrivais pas à dormir, évidemment. Alors qu'un orage éclatait devant ma fenêtre, éclairant entièrement ma chambre, j'entendais les grattements recommencer, les bruits de pas de l'autre fois empiétèrent rapidement sur les premiers bruits et ceux-ci s'aventurèrent vers la porte du grenier. Je sentais monter en moi une grande peur, je remontais la couette jusqu'à mon visage, un léger frisson me parcourait tout le long du corps. Je retenais ma respiration, comme un accusé attendrait son bourreau, pourtant, les bruits s'étaient arrêtés comme ils étaient apparus. Tout le long de cette nuit là, je n'avais pas dormi, et ce n'était pas à cause du bruit de la pluie.

    A présent, chaque nuit, les bruits de pas s'aventuraient un peu plus loin, comme si la chose pouvait ressentir ma peur et voulait s'en nourrir un peu plus à chaque nuit.

    Je m'étais acheté des somnifères à bas prix, ma femme avait remarqué quelque chose mais je ne lui avait encore rien dit, elle m'aurait de toute manière pris pour un fou, elle n'a jamais cru à de telles choses.

    Avant d'aller me coucher, j'avalais un somnifère mais il n'avait pas suffit. Tard dans la nuit, un nouveau bruit m'avait réveillé, je n'avais pas reconnu un tel son, j'ouvrais les yeux, je n'étais pas fatigué, l'adrénaline avait envahi mon corps, je savais qu'il était là. La nuit était paisible, trop paisible, je ne faisais aucun bruit, voulant entendre de nouveau le bruit mais rien, je décidais de m'adosser à ma taie d'oreiller, c'est là que j'ai vu, en furetant ma chambre, une toute petite ombre dépassant de la porte, celle-ci s'ouvra pour dévoiler des canines pointues, elle reproduit le bruit qui m'avait réveillé, un grondement digne d'un film d'horreur. Je ne criais pas, j'étais tout simplement bouche bée, paralysée par ce que je voyais. Le museau de la bête se retira et les bruits de pas se firent entendre dans les escaliers. Je ne sais pas quelle pensée a pu me pousser à faire ça, je suis montée dans le grenier à la poursuite de la bête.

    J'arrivais dans le grenier, à présent, un sentiment de colère s'était emparé de moi, je m'aventurais dans le grenier d'un pas sûr, je balayais la pièce du regard, le chien à corne était sous son drap, les autres statues étaient dans la même position qu'elle. Je me retournais, quelque part soulagé, et me dirigeais vers la porte. Quelque chose m'arrêta malgré tout ; j'entendais un froissement de draps, je me retournais lentement, avalant ma salive avec difficulté. Ses crocs sont aussi rouges, à présent.

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