Le Croqueur

12/06/2016 11:37

    Je suis une âme perdue, ou un fantôme si vous préférez. Depuis quelques temps, j'ai pris comme proie un jeune adolescent. Il était grand, frêle et des jolis yeux verts clairs, et surtout, il semblait fragile et je pourrais me délecter de la peur qu'il dégagera bientôt...

 

    Je restais dans la maison de ma victime qui était dans une petite ville, j'aime les petites villes qui sont tranquilles, elles étaient faites pour moi, je ne partirai plus.

 

    J'attendais soit la nuit ou alors les moments calme quand il était seul pour pouvoir l'effrayer petit à petit. Parquet qui grince, porte qui s'entre-ouvre, vent glacial venant de nulle part, c'était moi. Vous avez sans doute eu ça chez vous lorsque vous avez été tout seul, mais j'ai quitté votre foyer car vous ne croyez pas au fantôme.

 

    J'étais assis sur son bureau, toute la nuit, le regardant dormir, il était tellement paisible, je me rapprochais, le parquet grinçait sous mes pas mais pas assez pour le réveiller, j'approchais mon visage du sien et soufflais doucement, il ne se contenta que de se retourner. Ça peut vous paraître stupide de faire ça mais se nourrir est indispensable, même mort.

 

    Voilà une semaine que je suis chez lui et rien ne change, enfin presque, il s'intéresse au paranormal, donc peut-être à moi mais il n'affiche pas d'expression frustrée ou nerveuse, il est inexpressif, il me ferait presque peur. Il regarde parfois autour de lui et lâche des petits sourires, comme s'apprêtant à faire une mauvaise blague.

 

    Sur son ordinateur, il regarde des sites internet sur les fantômes, va sur des forums et lis attentivement tout les messages, je crois vraiment qu'il m'a vu mais il n'a pas peur,je vais devoir me montrer violent, j'ai faim.

 

    Il dîne avec ses parents, tous tranquille, je les regarde manger, je me place derrière son père.

 

    Là, il se leva et recula sa chaise mais dans un ultime effort, je la bloquais, il se retourna et poussa plus fort et je ne pus résister plus longtemps, je lâchais la chaise et celui-ci partit presque en arrière, le fils regarda son père fixement et leva ses yeux vers moi, je le regardais et un instant, je crus qu'il me regardait dans les yeux avec un petit sourire en coin...

 

    C'était enfin la nuit. Je me baladais dans la maison tranquillement, je déplaçais parfois un vase ou deux, je claquais aussi la porte de sa chambre pour le faire venir. Mon ventre gargouillait, je mourais de faim, tout ça à cause d'un foutu gosse ne ressentant aucune sensation ou quoi que ce soit, encore heureux que ses parents étaient assez froussards mais ce n'étaient pas eux que je voulais...

 

    Enfin la nuit, mon élément. Cette fois je vais le harceler jusqu'à ce qu'il saute de sa fenêtre, il me la payera, je le jure.

 

    Il lisait un livre, d'horreur bien sûr. J'étais comme d'habitude assis sur son bureau. J'allais attendre qu'il éteigne la lumière de sa lampe de chevet.

 

    Il était minuit, je vais profiter qu'il soit endormi. Je descendais de son bureau et m'avançais vers lui. Je m'approchais enfin de son visage et le caressais doucement.

 

    La température baissa d'un coup près de zéro degré. Ce n'était pas moi qui faisait ça, je n'en étais pas capable. Le garçon ouvra les yeux, sa lampe s'alluma toute seule, et cela lui paraissait normal. Je reculais. J'étais désorienté. Il marchait dans ma direction et il me sourit en dévoilant une dentition affreusement pointue. Mais c'était qui ce gosse sérieusement ?!

 

    Et encore plus effrayant, il lisait dans les pensées. Il me répondit d'une voix rauque :

 

« Le croqueur d'âme ! ».

 

    Je ne connaissais pas une telle créature. J'étais bloqué dans sa chambre, la porte avait même disparu.

 

    Il me prit par les bras, me souleva et m'aspira en ouvrant anormalement sa bouche pleine de dents de requin.

 

    C'en fut fini pour moi, je demeurais dans un endroit noir, le néant sans doute...

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